30 août 2014

VERS KRASNODAR

Longue étape en raison du changement de programme.

On prend le temps quand même de faire un tour au Musée des Échecs, pas vraiment ouvert compte tenu de l’heure, mais on peut y entrer. Jeux d’échecs géants, tables de jeux, photos des champions qui ont sévit ici (Fischer, Kasparov, Karpov, Spasky…). On a l’impression que tout ça a un peu cessé de vivre. Les dernières photos datent de 2009 ? Pas de guide ; nous n’en saurons pas plus.




Nous avons retrouvé une position au-dessus du niveau de la mer et une douceur agréable.

La route, elle, passe de la steppe à des plaines céréalières interminables. A priori, 70% des céréales russes sont produites dans cette région ; pas étonnant que ce paysage nous accompagne  pendant des centaines de kilomètres. A cette saison, plus de blé, mais des champs de tournesol qui sont en moisson.

Krasnodar nous accueille ce soir.


Rien ne sera plus pareil. Ce soir, la vie de Christiane et Patrick tourne au drame. Christiane vient d’apprendre le décès de son fils. Torpeur générale.

29 août 2014

VERS L’OUEST POUR ELISTA

Un petit tour au Kremlin d’Astrakhan ; ça nous rappelle notre première étape russe en juin/juillet. Très vite nous retrouvons le décor et la population, la plus tristounette de tout notre voyage.

Etape 100% à travers la steppe. Toujours au-dessous du niveau de la mer. De très nombreux cours d’eau et plans d’eau animent cette monotonie.

Nous arrivons en Kalmoukie. Peuple descendant des Mongols. Refoulés par un empereur chinois, ils s’installèrent ici, dans le delta de la Volga où ils se sont lentement sédentarisés, tout en gardant leur culture et leur langue. Opposés et résistants, pour la plupart, aux méthodes collectivistes du régime soviétique, la moitié d’entre eux ont disparu dans les goulags sibériens. C’est aujourd’hui la seule peuplade bouddhiste d’Europe et Elista s’enorgueillit, depuis 2005, du plus grand temple bouddhiste européen. Le Dalaï Lama, en personne, l’a inauguré. Nous le visitons plutôt heureux de retrouver cette ambiance asiatique.




Autre particularité d’Elista : une cité des Echecs voulu par le Président de la Région dont c’est la passion. Ils s’y déroulent nombre de championnats et l’apprentissage du jeu fait partie du programme scolaire.

C’est là que nous passerons la nuit.

Réponse à nos lecteurs : l’objet trouvé dans le bazar de Kasghar garde son secret. Manuel y a vu un coquetier ; vu la dimension, il faudrait avoir un appétit de moineau ! Ça restera donc un OCNI (objet chinois non identifié).

28 août 2014

LA RUSSIE … LE RETOUR

Je vous ai pas dit, l’Oural qui serpente au cœur de la ville d’Atyrau, marque la limite géographique entre l’Asie et l’Europe. Alors, dès 7h, avant de partir pour la frontière, nous faisons un dernier aller/retour de l’ouest à l’est puis définitivement (un peu à regret)  de l’est à l’ouest en traversant l’Oural. De chaque côté du pont, des petits kiosques noirs et dorés symbolisent cette limite.


Et puis, et puis… la cata !! 280 kms de routes complètement défoncées pour atteindre la frontière russe. Nous sommes dans une région complètement abandonnée du pouvoir kazakh. Nous avons là un échantillonnage complet de ce qu’on peut faire de pire en terme de qualité de route : nids de poule géants, ornières, vagues, crevasses, zones caillouteuses… 6 heures éprouvantes, surtout pour François qui tient le volant de bout en bout. Nous sommes secoués, nous tanguons, nous tressautons, nous ondulons… les dos, les nuques et les camping-cars sont mis à rude épreuve.



 
Pire, le couple de pornicais, Jenny et Michel se retrouvent avec la soute et son chargement sur la route. Oui oui. Ils ont un camping-car Le Voyageur avec un grand porte-à-faux à l’arrière. Les ressauts répétés ont fini par faire sauter les fixations. Avec le mécano, d’autres équipages qui passaient par là et quelques sangles pour ficeler tout l’arrière du véhicule, ils sont repartis. Pas chanceux, vraiment. Après une entorse à un pied et quelques jours de béquilles, Jenny a depuis plus d’un mois maintenant une atèle au poignet gauche qu’elle doit tenir en écharpe jusqu’à la fin du voyage. Une micro fissure osseuse douloureuse. J’avoue qu’ils m’épatent à garder le sourire malgré tout ça.

Un autre équipage avait déjà dû se séparer d’un coffre arrière extérieur qui avait rendu l’âme et un autre à déjà dû ficeler le sien à grand renfort de sangles pour éviter de le perdre en route.

Ce midi, nous arrivons au poste frontière Kazakhstan/Russie, au nord-ouest de la Caspienne, dans le delta de la Volga. Signes de la proximité de la mer, des vols de mouettes.

Ce sera un passage éclair, tant d’un côté que de l’autre. A peine 3 heures après notre arrivée, nous revoilà en Russie. Nous y retrouvons Frédérique, notre accompagnatrice attitrée en territoire russe.

Nous retrouvons enfin nos fonds de cartes GPS à partir de maintenant. Au Kirghistan, en Ouzbékistan et au Kazakhstan, nous devions « naviguer » avec un seul point GPS et un calcul d’itinéraire à vol d’oiseau… que nous ne sommes pas. Aléatoire.

Il reste une centaine de km à faire, sur une route enfin correcte, avant Astrakhan. Nous sommes au cœur du delta ; les rivières serpentent parmi des prairies d’un vert éclatant. Ça faisait longtemps que nous n’avions pas vu de tels tableaux. Il fait quand même toujours 38°.

Nous revenons à 2 heures de décalage horaire avec la France.


Installés au bord de la Volga, notre briefing sera ce soir très chargé. Bruno, du Raid des Baroudeurs, vient d’arriver pour terminer le voyage avec nous. Il nous apporte des nouvelles décevantes, puisque notre parcours d’ici Istanbul va être chamboulé.



D’abord, plus de Géorgie : le poste frontière que nous devions prendre au nord de Tbilissi est inaccessible à cause d’un éboulement dû à des pluies diluviennes dans la région, depuis samedi dernier.

Et puis, le trajet prévu dans l’est de la Turquie n’est plus possible en raison d’une insécurité grandissante dans cette région 100% kurde.


En résumé, nous traverserons cette partie russe d’Astrakhan à Sotchi en 3 jours. Nous prendrons un bateau vers la Turquie le 1er septembre pour 15 véhicules et le 3 septembre pour le reste. Pour nous, ce sera le 1er.

Arrivés à Trabzon, nous attendrons le 2ème groupe (quelques visites prévues) avant de descendre vers la Cappadocce. Ensuite, ce sera Antalya, Pammukalé, Ephèse… avant d’atteindre Istanbul. Et c’est là que nous sommes carrément déçus, because nous connaissons déjà ces sites.

Cas de force majeure. Nous allons farfouiller dans nos guides des idées de découvertes nouvelles sur ce nouveau trajet.

27 août 2014

ATYRAU 2EME ETAPE KAZAKHE

Nous ne faisons que passer. Et c’est bien comme çà. Y’a rien à voir.

Youpi, la route ce sera du billard toute la journée.

Nous oscillerons entre 0 et -30 mètres au-dessous du niveau de la mer. Le désert est là toujours. Monotone.

A Qulsary, spécialité de la région : des cimetières musulmans à coupoles. Les défunts sont là, emmurés et isolés pour l’éternité dans leurs mausolées couverts ; on n’y rentre pas. Forêt de croissants. Un cheval profite de l’ombre de ces coupoles.

Comme depuis quelques jours, les déjeuners au milieu de ces plaines asséchées, sans arbres qui vivent, sont hyper rapides. En roulant, la clim rafraîchit un peu l’atmosphère du CC, mais il ne faut point rester trop longtemps immobiles.

Arrivés à Atyrau, nous sommes stoppés par notre guide local. Problème. Le campement prévu pour ce soir n’est pas praticable. Il faut attendre le point GPS du nouveau site que notre accompagnateur Louis est en train de chercher. Pas question de patienter là à rien faire. Nous poursuivons notre route vers la mer Caspienne, à 30 km. Nous nous enfonçons dans le delta de l’Oural qui malheureusement pour nous se termine dans des zones de vasières et de marécages impraticables. Nous avons quand même le plaisir de côtoyer l’Oural et ses berges sur quelques kilomètres. Les plages de la Mer Caspienne sont plus au sud, soit à l’est côté Kazakh, soit à l’ouest, côté russe. Ici, nous sommes au nord de la mer.

Un SMS nous donne notre adresse pour la nuit. Ce sera le parking d’une immense église orthodoxe. Le guide local se fait « remonter les bretelles » !!

26 août 2014

DE L’OUZBEKISTAN AU KAZAKHSTAN

Appréhension des frontières. La dernière fois nous y avions passé 9h, en dernière position dans le groupe.


Mais, comme l’organisation a dit que les derniers seraient les premiers, cette fois, nous attaquons la frontière en 1ère position.

Allez, je vous embarque à la frontière Ouzbèque. Il est 6h45. Le poste est perdu dans le désert. Des routiers et des gens qui traversent à pied ou en voiture dorment à même le sol. Dépôt de graviers, tas de terre, bouteilles plastiques et ordures en tout genre. C’est pas clean du tout du tout.



A 7h35 la lourde grille s’ouvre pour nos 5 premiers véhicules.

Comme d’hab, les passagers sont séparés des chauffeurs. Contrôle passeports dans la bonne humeur.

Les Camping-cars sont plus visités que fouillés. Mais faut tout le temps passer d’un côté à l’autre, attendre, repasser à un autre bureau, remplir un autre papier etc… et retamponner etc…

Les chauffeurs ont à faire à un douanier endormi sur son bureau. Après quelques hellos timides, il lève le nez. Se remet à remplir quelques cases … et repique du nez sur l’ouvrage ! L’arrivée d’un collègue le ressort de sa léthargie. Du coup il se réinstalle pour finir sa nuit dans un siège plus confortable et le collègue s’occupe des formalités. Jamais vu çà. Dommage, les photos et les films sont strictement interdits (ils nous ont à l’œil), çà aurait fait un souvenir pour le moins insolite.

9h55 et 34° - Nous avons tous nos tampons.

On se retrouve dans les camping-cars, dans le no man’s land avec le Kazakhstan.

10h15 le portail côté kazakh s’ouvre.

Formalités à la soviétique, rapides.

11h15 – 39° - Nous sommes officiellement sur le territoire du Kazakhstan.

Nous retrouvons le même désert, ses chameaux, ses dromadaires, ses bergers-cavaliers couverts de chèches.


85 km de piste en tôle ondulée balayée par un vent de sable qui se renforce en arrivant à Beyneu, notre halte du soir. Point GPS inexact. Nous tournons en  rond aux abords de la ville. Les « routes » (çà porte ce nom là ici aussi) devaient être en béton il y a longtemps. Il en reste aujourd’hui les fers à béton qui dépassent dangereusement de la terre et du sable. Les automobilistes ont fini par se créer des pistes de chaque côté à la sauvage. Plutôt inhospitalier ce coin là.

Après attente et palabres par 43°, nous trouvons notre parking pour la nuit dans le « brouillard » d’un vent de sable déchaîné. On a réussi tant bien que mal à faire du change, à trouver péniblement du gas-oil et à refaire notre stock anti-déshydratation, de cocas, de jus de fruit et de bières.

Un point très positif : bien que très rare ici, le gas-oil est très bon marché, à 0,52 € le litre.

Un petit mot quand même sur le Kazakhstan que nous ne faisons qu’effleurer dans sa partie sud-ouest ; la mer Caspienne est toute proche. En de surface, il occupe la 9ème place mondiale, avec 2 720 000 km². Avec moins de 16 millions d’habitants çà fait pas grosse densité : 6 hab. au km². La capitale Astana est au nord, pratiquement à la même latitude que Paris.

Un euro vaut à peu près 200 tengués.

République fédérale de l’URSS en 1936 elle est devenue indépendante, comme toutes celles de l’Asie Centrale, en 1991. Comme en Ouzbékistan, le même Président de la République est en place depuis cette date-là. Il profite un maximum des gisements pétroliers prometteurs récemment découverts à l’ouest, près de la Caspienne. Dans le même temps, 12% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

25 août 2014

DERNIERE ETAPE OUZBEQUE

Cerise sur le gâteau avant de quitter l’Ouzbékistan : une visite à Moynaq. Ça n’est pas prévu au programme, mais avec Daniel, Marie-Jeanne, Patrick et Christiane nous avons décidé de faire le détour.

Moynaq,, c’est l’ancien port du sud de la Mer d’Aral qui est maintenant à sec. A cet endroit la mer a reculé de 80 kms entre les années 60 et 90. Cultures intensives sous le régime soviétique (notamment le coton), dérivation par des canaux gigantesques de l’eau de l’Amoudarya qui se jetait là. Il est aujourd’hui tellement tari qu’il se perd dans des zones de marécages. Le delta a complètement disparu. La vie autour de la mer aussi. Reste les habitants de Moynaq a qui l’on a imposé la difficile culture et récolte du coton et … les bateaux restés là, sur le sable, quand la mer les a quittés. Désastreux. Les compétences visionnaires des hommes politiques et dirigeants communistes une fois de plus se sont arrêtées au bout de leur nez ou de leur portefeuille.





Là encore, non contents d’assécher cette mer, ils ont créé un centre expérimental sur une île qu’ils ont appelé l’île de la Renaissance ( !!!). Quand on sait les dégâts que provoquent ces expériences (virus de la peste, virus de l’anthrax…) sur la population locale (mortalité infantile, cancers, malformations…) ils ont eu, là encore, la vue bien courte.


Visite déprimante, d’autant que l’on sait aujourd’hui que la partie sud de la mer est définitivement sacrifiée au profit de la partie kazakh au nord, encore alimentée par le Syrdaria.

L’histoire ne s’arrête pas là, malheureusement.

Les gens d’ici, avec ce qui leur reste d’humour, disent que, si tous les scientifiques qui se sont penchés sur ce sujet dramatique étaient venus chacun avec un seau d’eau, la mer aurait retrouvé son niveau d’antan.

Nous sommes malgré tout heureux d’avoir fait ce détour qui nous a obligé à partir à 6 h du mat’ pour une étape rallongée de 200 km. Nous avons « frôlé » un autre lieu mythique en étant, au sud de la mer d’Aral, à 300 km à vol d’oiseau de Baïkonour le site de lancement des fusées et autres satellites russes (c’est sur le territoire Kazakh).

Au total, 640 km dans la journée, dont les ¾ en zone désertique d’une platitude navrante. Heureusement les multiples et très longues zones de chaussée défoncée ont animé le parcours !

Bivouac avec pot d’adieu à notre guide Roustame près de la frontière. Encore une. Demain ce sera le Kazakhstan.

24 août 2014

Nos découvertes ouzbèques ne nous laissent pas de temps pour vous écrire mais je peux déjà vous dire que vous aurez du bleu plein les yeux quand j'arriverai à vous poster nos souvenirs de Tachkent, Samarcande, Boukhara et Khiva. A très bientôt pour la suite.

DE KHIVA A NUKUS

La bise à la petite Sonia pour son anniversaire.

Avant de quitter Khiva, une virée au marché du dimanche bondé de chez bondé. Les étals, les marchands, les clients, les touristes (heureusement, y’a que nous) … difficile de se frayer un chemin. Ça vit fort à Khiva.

Quelques achats pour nos repas frugaux : tomates, concombres, melon, carottes, oignons blancs, pêches, raisin noir… Ce qu’il faut savoir c’est qu’ici, il n’y pas de gros billets ; le plus gros pèse 5 000 sum ouzbek, çà fait 1.50 € . Mais il n’y a pas non plus de petite monnaie. En général on s’arrête à 500 ou 1000 sum (15 ou 30 centimes d’euros). Comme nous achetons des petites quantités, les marchands font l’appoint avec les légumes : 2 tomates de plus par ci, 3 concombres de plus par là, 2 grappes de raisin en plus … on se retrouve avec des provisions pour un moment.


Bain de couleurs et d’odeurs, de sourires et de regards joviaux.


Sur notre chemin, le village de Sultan Ouveys Bobo, lieu de pélérinage musulman. Aujourd’hui dimanche c’est le rassemblement des familles, toutes générations confondues, pour partager le plov (plat traditionnel de riz, mouton et carottes jaunes). Les gargottes où  cuit ce fameux plat national, sont de simples cuisines artisanales avec réchauds au feu de bois où la température atteint des sommets. Pittoresque.




Arrivés à Nukus nous visitons « le musée du Louvre » local, étonnant dans cette ville du bout du monde, en plein désert. Nous sommes ici dans la capitale de la République autonome de Karakalpakie. Ancienne région de nomades et de pêcheurs, elle est devenue avec l’assèchement de la mer d’Aral, la région la plus pauvre de l’Ouzbékistan.

Il y subsiste ce musée Savitsky qui possède l’une des plus remarquables collections d’art de l’ancienne Union Soviétique. Ce Stavisky, artiste moscovite tombé amoureux de la région, y a accueilli notamment les œuvres de peintres russes dissidents et victimes de répression sous Staline. Les peintures exposées reflètent tristement cette période sombre. Bof.




Bonne nouvelle au briefing : Maria et Francis ont enfin regagné leur domicile lavallois après presque 3 semaines entre hôpital et hôtel à Urumqi, en Chine. Quel soulagement çà doit être pour eux.

Trop trop vite… déjà 80 jours

(un certain autre nantais célèbre avait déjà fait le tour du monde, lui !)