16 août 2014

ARRIVEE A TACHKENT

Le trajet commence bien avec un grand marché aux pains et aux fromages particulièrement pittoresque. Le tracé de la route datant d’avant l’indépendance, en 1991, quelques zones sont sensibles à proximité du territoire du Tadjikistan. Contrôles militaires et policiers renforcés.


Routes infestées de Chevrolet et de toutes petites fourgonnettes Daewo qui servent de taxis.

Nous sommes partis en queue de peloton et du coup, à chaque fois que nous nous arrêtons, la dépanneuse qui nous suit fait de même. Pratique pour demander notre route au chauffeur, très serviable. Idem à la pause déjeuner, il nous attend.

L’après-midi, le paysage montagneux s’affaisse sur une plaine grillée par un soleil brûlant.










Tachkent nous surprend par son aspect de ville moderne, avec d’immenses avenues très verdoyantes. Il faut dire qu’elle a été reconstruite presque intégralement après un tremblement de terre en 1966.


Femme au volant


Nous filons au « Sum », les Galeries Lafayette ouzbèques. Un immense rayon tissus pour quelques achats. Ici, le tarif de la soie est très attrayant.



Ouf ! le parking de l’hôtel est ombragé. Nous faisons le briefing au frais de la clim à la réception alors qu’une noce est en train de s’installer « royalement ». Queues de pie et robes flamboyantes contrastent avec nos shorts et débardeurs.

15 août 2014

DE FERGANA A KOKAND

Monique aurait fêté ses 62 ans aujourd’hui. Nous pensons très fort à toi petite sœur et à tes enfants chéris.



Nous commençons la journée dans la douceur de la soie. L’Ouzbékistan est le 3ème producteur mondial de soie et nous sommes tout près de Margilan, centre de production important. Nous y visitons une « usine » aux méthodes de fabrication traditionnelles. Pour ici,  les femmes travaillent dans de bonnes conditions alors qu’elles  nous paraissent à nous terriblement difficiles. A la chaleur naturelle, s’ajoute la chaleur des gargotes pour celles qui font bouillir les cocons afin de tuer les larves. Ce doit être épuisant. Elles nous accueillent le sourire aux lèvres et nous nous sentons bien mal à l’aise d’étaler nos panoplies de vacanciers devant tant d’abnégation. Au tissage, à la chaleur s’ajoute les gestes répétitifs et les bruits des navettes claquant d’un bord à l’autre des ouvrages. L’atelier des couleurs  est un enchantement. Au tissage, les motifs très colorés et reproduits entièrement de mémoire sont de toute beauté. Un passage à la boutique s’impose !!



C’est la journée artisanale. Après la soie, la céramique. Là encore, les mains des ouvriers font des merveilles. Il se trouve que cette fabrique propose des motifs de bleus et de verts. Superbe.



Arrivés à Kokand dans l’après-midi, nous retrouvons le groupe pour découvrir la Mosquée Jomy et son minaret (les courbatures nous rappelleront ses marches plusieurs jours !).  Puis le Palais Ghoudayar Qhan. Colonnades en bois rouge, mosaïques, sculptures… prouesses architecturales du 19ème.


Belle journée. Soirée tranquille au camping-car.

14 août 2014

BONJOUR L’OUZBEKISTAN

Encore un jour passage frontière… un jour d’attente sans doute. 19640 kms depuis Vertou.


Départ en convoi à 7 h 30. Circulation. A un carrefour, on perd le camping-car devant nous et on tourne. Fallait pas. Les flics sont là et ont décidé que François avait grillé une priorité… enfin, c’est ce qu’il croit comprendre. Un flic lui sort un bouquin du code de la route avec des images des infractions mais il ne trouve pas à lui montrer celle pour laquelle il l’a arrêté. Ça dure ¼ h, avant qu’il lui demande 25 dollars. François a avec lui 20 €, ça fait l’affaire. Bien sûr pas de document de PV ; la poche du fonctionnaire est apparemment déjà bien garnie !!!


On retrouve le convoi arrêté à la frontière kirghiz. Stop.

2 h plus tard, nous avons dû avancer de 30 mètres sous le cagnard à 34°.

Près de notre file, un stock de petites camionnettes coréennes que nous avions vues en attente à la frontière Chine/Kirghistan.



12 h 30 seulement 4 véhicules sont passés ; le 4x4 du toubib a été longuement et méticuleusement fouillé ; à la recherche de médicaments interdits en Ouzbékistan (somnifères, barbituriques).

Chaque équipage s’installe dans son camping-car à manger un petit en-cas.

14 h 00 – 5 h 30 d’attente - 42° extérieur – 36° à l’intérieur. Ça cogne.

Il reste 5 camping-cars à passer côté kirghize et nous sommes en avant-dernière position.

Quand notre tour arrive, les douaniers doivent être fatigués de leur journée. Du coup, il  fouille le camping-car sans grande conviction. Le frigo les intéresse (on avait planqué le Champagne). Ils vérifient nos médic et nos CD. Ils veulent savoir si nous avons des livres sur les religions. Un jeune douanier me met à part et me demande de patienter un moment ; il s’approche de François pour lui glisser à l’oreille « Have you video porno ?? ». Surpris, François vérifie qu’il a bien compris. C’est bien ça. Tant pis, le douanier repartira bredouille (mdr).

Enfin, après 9 heures d’attente, nous sommes « libres » à 17h15. L’Ouzbékistan, ça se mérite.


D’autant que moins d’1 km plus loin, nous avons un nouveau contrôle ; un militaire cagoulé vérifie que nous n’avons pas de passager clandestin avec nous.

Nous allons enfin pouvoir prendre la route pour rejoindre notre hébergement de ce soir. Nous traversons la vallée verdoyante de Fergana. Des vergers, du coton, des tenus maraîchères et des treilles. Des treilles devant toutes les maisons sur des tonnelles qui croulent sous les grappes à cette saison. C’est splendide.





L’endroit dans lequel nous nous installons pour la nuit est un terrain vague poussiéreux. Sécurité oblige qu’ils ont dit.

Du coup, on s’échappe dîner sur une sympathique terrasse à l’hôtel d’à côté, avec Bernadette et Pascal. Ça termine en beauté cette journée particulièrement épuisante.

13 août 2014

DE SARY TASH A OSH

Réveil réellement fantastique face à la chaîne du Pamir Alaï, avec à notre droite le Mont Lénine qui cote à 7 134 m.

Petit-déjeuner sur cette immensité revigorante.

Avant le départ, Jean-Yves teste sa valise magique. L’appareil est configuré en anglais et il a dû faire appel aux compétences de Colette pour la traduction (merci à notre prof d’anglais). Après tâtonnements, il parvient à effacer le message d’erreur affiché depuis le 26 juillet au tableau de bord. Il faudra « affiner », mais pour lui tout est OK. Ouf, la tourista de notre Dutaco se termine enfin.


Au village, nous « visitons » l’épicerie, installée dans une espèce de bungalow rouillé. Quelques sacs de grains, un petit comptoir et derrière un rayonnage poussiéreux, collant. Crasseux quoi. Conserves, biscuits, bonbons, boissons… mais pas de fruits et légumes. L’épicière nous envoie chercher le pain dans le resto un peu plus loin. Le lieu est beaucoup plus propre que ce qu’on voit depuis des semaines. Pain appétissant. Patronne discrète mais clients curieux et souriants. On leur donne des flyers de notre parcours et… un drapeau français. Ils veulent une photo. La journée démarre fort.

Aussitôt, la nature kirghize nous enchante. Premier col à 3 615 m. Chaque virage est une surprise. Les photos vous le diront mieux que moi.

Yourtes, roulottes, troupeaux de vaches, moutons, chèvres, yaks se succèdent. Nous voyons des poches de lait accrochées aux yourtes en train d’égoutter ; ça nous fait penser au fromage d’hier. On s’arrête près d’un ruisseau, un four déborde de flammes près d’une petite yourte. Deux femmes et une petite fille nous accueillent. On leur fait comprendre que nous souhaitons leur acheter du fromage de chèvre. Compris. Rentrez-donc. Aussitôt, la plus vieille femme déroule un tapis pour nous au fond de la yourte, face à l’entrée (c’est le coin réservé aux invités). Très vite, elle sort du pain, un bol de crème fraîche, un bol d’huile et deux bols de thé. La bienséance ne nous autorise pas à refuser. Instant magique avec ces 2 femmes. Les gestes et les regards font office d’interprètes.





L’une d’elles est la grand-mère de la petite Elnoura qui s’amuse avec le crayon et le carnet que nous lui avons donnés. Nous lui achetons des fromages de chèvre (des kourouts), petites boules blanches stockées dans un sac en filet de laine. Ils sont durs comme de la pierre mais par très petits morceaux, bien goûteux.



Les pains de la journée sont à reposer en galettes sur un tapis à notre droite. La plus jeune veut que nous restions encore pour assister à la cuisson dans son four extérieur.


Derrière nous, d’immenses et épaisses couvertures qui servent de couche pour la nuit sont repliées ; ils sont 4 à dormir dans cette yourte. Les macramés sont suspendus à la lumineuse charpente de branches de bois peintes en rouge et décorées de motifs multicolores ; ils servent à stocker, sur plusieurs niveaux,  les petits bols pour la soupe ou le thé.

Nous devons continuer notre route. Adieux très conviviaux.


Notre prochaine halte sera pour un groupe d’hommes en train de faucher du foin. Il y en a partout dans les champs au bas des montagnes qui deviennent plus vertes. Un jeune est assis à remettre une lame à plat au marteau. Le moins timide nous montre un sourire « en or » et aiguise sa faux pour nous faire une démonstration. Des restes de pastèques s’étalent sur le tapis. Leur déjeuner frugal. Comme d’hab, avant de repartir, visite du camping-car. Pouces levés, ils sont ébahis. Comme d’hab aussi, une tonne de rires spontanés. On est bien.








Le fourgon de notre mécano Jean-Yves passe par là ; il co-voiture Christiane et Patrick qui ont un souci de filtre à huile. Leur 4x4 est monté sur la dépanneuse.

Un chemin rocailleux nous mène au cœur d’une petite vallée. Pique-nique, « seuls au monde » dans le plus beau des décors. La montagne nous renvoie les roulements de tonnerre d’un orage qui noircit l’horizon. Un peu de pluie rafraîchissante.
Jeunes marchands d'abricots









Nous descendons vers Osh. La montagne laisse place à la vallée. Les yourtes et les roulottes nomades laissent place à des villages de maisons de briques claires. Des groupes de gamins naturellement « à poil » profitent du cours d’eau passé depuis ce matin de l’état de torrent à celui de rivière transparente.

Notre plan (merci Lonely Planet) nous emmène jusqu’à un distributeur ; un peu de soms pour acheter à manger quand même. A cause de travaux, nous traversons le quartier du grand bazar ; c’est effectivement le grand bazar même dans les rues qui sont en terre ; largeur limite pour le camping-car ; mais on s’en sort.

Arrivée à l’hôtel sur un parking bof bof. Nous y retrouvons les « petits » véhicules (les gros sont plus loin parqués au soleil). Ça fait une pause bière bienvenue avec 3 équipages en attendant le briefing du soir. Nous avons confirmation que Maria hospitalisée depuis 8 jours à Urumchi, en Chine, sera rapatriée en France avec Francis sous 48 h après avoir subi avec succès une intervention chirurgicale. Leur camping-car sera va poursuivre le voyage avec Michel, mécano cabine, au volant. Maria et Francis gardent espoir de nous retrouver pour terminer le périple avec nous. Nous en faisons tous le vœu.

12 août 2014

LA CHINE C’EST FINI

Faut y aller !

Départ 8h en convoi. 96 km plus loin, arrivée au poste frontière chinois. Enfin, c’est l’endroit où se passent les formalités de sortie ; sachant qu’il y a ensuite un no man’s land de 135 km jusqu’à la sortie du territoire.


Avant la barrière, une terrasse accueille des billards en plein-air (pour faire passer le temps, aux douaniers ??)



Entrés à 9 h 45, nous en ressortons à 13 h 00.

Entre temps, alignements et silence obligés. On a eu du mal à tenir nos langues plus de 3 h. Quand ça dérapait un peu trop, rappel à l’ordre ; surtout au contrôle des passeports. Pas les mains sur le guichet ; celui d’après doit avoir les pieds sur la ligne jaune de courtoisie ; ceux de la file doivent être les uns derrière les autres un par un ; dans l’attente, nous sommes photographiés par une douanière à plusieurs reprises. Un autre douanier se tient stoïque pour nous surveiller. A part quelques individuels et un petit groupe d’espagnols, nous sommes les seuls dans ce grand hall. Pendant ce temps-là, tous les chauffeurs étaient restés dehors pour les vérifications des véhicules ; faut bien que ceux qui sortent soient les mêmes que ceux qui sont rentrés.

Après distribution ardue des passeports (le chinois ne sait pas lire le français – et vice versa) nous enfourchons nos montures, direction Irkhestam la « vraie » frontière avec le Kirghistan. Re-convoi à 24 camping-cars + 2 véhicules de l’organisation. Pas drôle. On voudrait bien faire des petites pauses photos. Impossible. On a bien essayé de faire autrement mais le staff il a pas voulu ! Même pas le temps de manger.

On nous demande d’embarquer les espagnols dont le minibus ne peut pas aller plus loin. Au 1er poste, vérification des passagers et de l’intérieur du Dutaco. Le douanier veut vérifier qu’il n’y a pas un 5ème passager allongé dans notre coffre du toit. En l’ouvrant François planque très vite des bouteilles de Vodka qui sont stockées là pour le retour en France ! Nous avons avec nous Johanna qui parle pas mal le français, son ami Gerart, catalan, et leurs volumineux bagages !

Arrivés à la frontière Khirgiz 7 km plus loin, tout le monde descend. Les chauffeurs sont contrôlés les premiers pour pouvoir passer au contrôle des véhicules. Ça va vite, bien que nous soyons maintenant tous regroupés avec les espagnols.

Finalement, après ce 1er poste Kirghiz les espagnols nous quittent, un nouveau bus les y attend.



Nous reprenons la route, en débandade, jusqu’à un autre poste perdu dans la montagne à au moins 10 km. Une roulotte en peinture de camouflage sert de bureau. 3 douaniers nous attendent sur la route, avec  le listing magique pour vérifier nos noms. Pas question de sortir des camping-cars pour prendre des photos ; heureusement, ils sont moins regardants que les chinois. Contrôle rapide, nous voilà sur le sol kirghiz. Notre GPS n’a plus de fond de cartes ; il nous dirige seulement « vers le ouest » ! Un premier visiteur porte le ak kalpack, chapeau traditionnel de feutre blanc.






Consolation après toutes ces attentes, le paysage est toujours grandiose et nous  récupérons 2 heures de décalage horaire à la frontière. Quand vous nous lirez, nous n’aurons plus que 4 heures d’avance sur vous.

En montant au col qui nous attend à 3 771 mètres (une 1ère pour nous) nous avons une vue plongeante sur la file de camping-cars et de camions qui attendent leur tour au poste frontière. Pour arriver là, nous avons parcouru 19 350 km.



Même si nous n’y passons que 2 jours, une petite présentation du Kirghistan s’impose.

Nous voici dans ce petit pays d’à peine 200 000 km² et un peu plus de 5 millions d’habitants. Rudes conditions avec un territoire à 90% de montagnes, dont 40% à plus de 3000 m. C’est une République autonome depuis 1926 ; devenue satellite de l’URSS en 1936, les Kirghiz sont indépendants depuis 1991. Bichek, la capitale, est au nord. Nous, nous y entrons par l’extrême sud-est.

Nous allons nous munir de Som pour quelques achats et pour le carburant. (60 SOM = 1 €).

A peine arrivés, c’est un dépaysement total. Encore une nature aux dimensions incroyables. Des pics, des glaciers, des hauteurs plus alpines que les roches desséchées du Taklamakan. Au creux, en contraste, une rivière aux eaux rouges. Émerveillements permanents.



Ce soir c’est bivouac, à Sary Tash  (çà veut dire Pierre jaune) face à des sommets à plus de 7 000 m. OUAH !




Nous avons ressorti nos pantalons et polaires ; sommes à 14° à 3 200 m.

Briefing et apéro pour l’arrivée de Louis qui sera notre accompagnateur pendant notre parcours en Asie Centrale. Timour, notre guide local nous présente la table copieusement garnie de mets locaux. Pain, fromage de chèvre (on dirait du crottin de Chavignol), petits pains rectangulaires (c’est comme des bottereaux), beurre de yack, crème, lait, friandises à base de fleurs. Régal.

On ressort les duvets pour la nuit.